Project Gutenberg's Parapilla, poème en cinq chants, by Charles Borde

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org


Title: Parapilla, poème en cinq chants

Author: Charles Borde

Release Date: December 28, 2008 [EBook #27641]

Language: French

Character set encoding: ISO-8859-1

*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK PARAPILLA, POÈME EN CINQ CHANTS ***










PARAPILLA,
POËME
EN CINQ CHANTS,
Traduit de l'Italien.

A FLORENCE.

M. DCC. LXXVI.

CHANT PREMIER.

D'autres pourront chanter le Labarum,
Le bouclier de l'Amant d'Egérie,
Ou l'Oriflamme, ou le Palladium,
Ou des Rhémois l'Ampoule si chérie,
Présents sacrés, tous descendus des Cieux,
Des Rois dévots merveilleuses étrennes:
Je veux chanter un don plus précieux.
Ce bijou-ci plairoit beaucoup aux Reines;
Il est céleste, unique, plein d'attraits:
Mais par malheur, sur les traces d'Astrée,
Il remonta là-haut dans l'Empirée;
Le Ciel jaloux a repris ses bienfaits.
Tendre Vénus, & vous Minerve même,
Guidez mes chants, inspirez tous mes Vers;
Vous m'aiderez à charmer l'univers;
Et mon Héros, par sa beauté suprême,
Tiendra sur lui vos yeux toujours ouverts.
Grace à ma muse, Emule de Virgile,
J'ai fait l'exorde; & c'est beaucoup, dit-on;
Parler des Dieux, n'est pas chose facile:
Or sus, ma lyre, il faut baisser d'un ton.
Jadis vivoit dans les murs de Florence
Un beau Galant, d'une haute naissance,
Nommé Rodric; hélas! trop généreux.
Car de la Blonde allant droit à la Brune,
En beaux festins, cadeaux, plaisirs & jeux,
Il eut bientôt dissipé sa fortune.
Que devenir en cette extrêmité?
Sage il devint, grace à l'adversité.
Fuyant sa honte, et cachant sa misere,
L'infortuné, d'un peu d'argent comptant
Qui lui restoit, achete une chaumiere,
Et tout auprès un petit bout de champ.
Là, tout pensif, sans valets ni servantes,
Il travailloit, ayant parmi ces foins
Un peu d'humeur: on en auroit à moins.
L'aurore ouvroit ses portes éclatantes,
Quand tout-à-coup un beau jeune Garçon
Vint l'aborder, & lui dit sans façon:
«Holà, l'ami, dis-moi ce que tu plantes?»
Rodric, peu fait à ces tons élevés,
Lui répondit: «c'est ce que vous savez.»
Jeunes Beautés, ce ne sont pas ses termes:
Il se servit de mots un peu plus fermes,
Disant tout haut les choses par leur nom,
Que je tairai, si vous le trouvez bon.
Vous connoissez cette plante si belle;
De vos beaux yeux un doux regard suffit,
Un seul regard, c'est le soleil pour elle,
Mais reprenons le fil de mon récit.
Lorsque Rodric, ayant martel en tête,
Eut proféré ce discours malhonnête,
Le beau Garçon froidement déclara:
«Vous en plantez, eh bien, il en viendra.»
Soudain il fuit comme une ombre légere,
Et de son pied touche à peine la terre.
Rodric alors resta pétrifié,
Lui qui parloit en tout temps comme un livre:
Avoir ainsi manqué de savoir-vivre,
Brutalement avoir congédié,
O Ciel! & qui?... c'est un Ange... sans doute,
C'est Gabriël, de la céleste voûte
Exprès pour lui descendu par pitié.
Un tel soupçon n'a rien de fort étrange.
Durant le cours de ses plaisirs mondains.
Toujours Rodric honora ce bel Ange,
Beau messager du Maître des destins.
Car à Florence on brûle plus de cierges
Aux Chérubins, qu'aux onze mille Vierges;
Informez-vous, chacun vous le dira.
Mais quel remords, & quelle étourderie!
Comme il gémit & se désespéra!
Si de l'effet la menace est suivie,
Plus de ressource; & comment se nourrir:
Pauvre Rodric, tu n'as plus qu'à mourir.
L'astre du jour, durant cette élégie,
De ses rayons prodiguant les bienfaits,
Lançoit par-tout la chaleur & la vie:
Soir & matin Rodric est aux aguets.
Finalement, ô douleurs! ô regrets!
Le fruit fatal s'élevant sur la terre,
Nouvel Œdipe, est vainqueur de sa mere.
Fille qui trouve un serpent sous ses pieds
En folâtrant sur la verte prairie,
De plus d'effroi ne peut être saisie.
Point de pécheurs qui ne soient châtiés.
Rodric puni se signe, s'agenouille,
De pleurs amers son visage se mouille:
Ecoutez bien, mes vers sont un sermon.
Le Gabriël est né plaisant, mais bon;
Il pardonna. Les aîles étendues,
Je l'apperçois, qui, d'un air triomphant,
Paré de pourpre & porté sur des nues,
Dit à Rodric: «Calme-toi, mon enfant;
Tu viens de voir un singulier prodige,
Mais ce n'est rien: prend la plus belle tige:
Dans un panier alors tu la mettras;
Cours à la Ville, & là tu la vendras
Cent mille écus; c'est le prix, & pour cause;
Car aussi-tôt que l'on verra la chose,
Femme ni fille, à tous ne manquera
De s'étonner, & de crier ah! ah!
Or, dans l'instant la divine merveille,
Chez celle-là qui poussera ce cri,
S'introduira, mais non pas par l'oreille;
Et là sans cesse, un doux charivari
Excitera volupté sans pareille,
Si l'on ne dit ce mot, Parapilla.
Adieu, Rodric; retiens bien tout cela.»
L'Ange s'envole, & Rodric s'humilie.
Il s'en va donc cueillir le fruit de vie,
Bien proprement le place en un panier,
D'un tas de fleurs lui fait un oreiller,
Le tout couvert de belle mousseline:
Le Pain béni n'a pas meilleure mine.
Quant au surplus des fruits de ce jardin,
Vous le dirai-je? il disparut soudain.
Le cher Rodric cependant s'achemine;
Il va bientôt revoir ces lieux chéris,
Temple des Arts, enfants des Médicis.
Tout s'embellit sous leurs mains souveraines;
Nobles Tyrans, & modeles des Rois,
Les Muses même avoient dicté leurs loix,
Et leur Palais est l'asyle d'Athenes.
Avec transport Rodric hâta ses pas;
Et le voilà, criant sa marchandise,
Et par son nom, de crainte de méprise,
Sans quoi les gens ne devineroient pas.
Car lisez bien Fable, Roman, Histoire,
Interrogez Sorciers & Loup-garoux,
Point ne verrez que jamais à la foire
On ait vendu de semblables bijoux.
Contes en l'air, me diront cent critiques;
Tant pis pour eux: c'est un homme de bien
Qui nous transmit tous ces faits authentiques;
Si l'on en doute, on ne croira plus rien.
Gens indévots, grands faiseurs d'Epigrammes,
Exercez-vous, j'en prends peu de souci;
Moi, je suis simple, & c'est aux bonnes ames
Que je veux plaire en écrivant ceci.
Or, préparez vos yeux & vos oreilles.
O Gabriël! que ton bras est puissant!
Vous allez voir d'étonnantes merveilles
Mais laissez-moi respirer un moment.

CHANT II.

Fille du Ciel, douce Philosophie,
Combien de foux abusant de ton nom,
Et des François corrompant le génie,
Ont, en Mégere, affublé la raison!
Timon se leve, & dit d'un ton sublime:
Meurent les Arts, & périssent l'esprit!
L'homme est charmant sitôt qu'il s'abrutit;
Et tous les sots reçoivent pour maxime,
Qu'il est grand jour aussi-tôt qu'il fait nuit.
Ainsi bravant la sagesse éternelle
Qui nous traça les routes du bonheur,
L'homme insensé se croit plus sage qu'elle.
Eh! qu'a produit cette sombre fureur?
Triste & farouche on dédaigne la vie,
Le Suicide a souillé ma patrie;
De noirs forfaits remplacent le plaisir:
On trembleroit de caresser les graces,
Le fanatisme est errant sur nos traces,
La gaieté suit, & je cours la saisir.
A l'heure même étoit à sa toilette
Bien tristement Madame Capponi,
Très-mal nommée, & les aimant, nenni;
Au demeurant riche, belle, discrete,
Pleurant encor la mort de son mari,
Et du veuvage assez mal satisfaite.
Le Crieur passe, & certain son qui plaît.
Frappe la Dame, & la trompe peut-être.
Marton, dit-elle, allez à la fenêtre,
Ecoutez bien, & sachez ce que c'est.
Marton bientôt revient toute troublée;
Le croirez-vous! ah! Madame, écoutez!
C'est un Marchand,... je suis émerveillée.—
Mais que vend-il?—Ce que vous regrettez.
La Dame dit: faites venir cet homme.—
Quoi! l'appeller!... la chose vous surprend?
Tenez pour sûr qu'à Paris ou dans Rome
Toute autre qu'elle en auroit fait autant;
Et telle ici qui fait la précieuse,
A son Marchand, qu'elle voit chaque jour;
Le Roi, la Reine, avec toute la Cour,
N'ont-ils pas vu la piece curieuse?
Or, c'est le cas, ou jamais il n'en fut.
Le Marchand dont à l'instant comparut;
Bien humblement il fit sa révérence,
Ote le voile, & le tout se passa
Comme à Rodric Gabriël l'annonça.
Figurez-vous en pareille occurrence
L'émotion & le saisissement
D'une Beauté qui se voit envahie,
Et sans respect ainsi prise à partie.
Et néanmoins le premier mouvement,
Si naturel, fut de se laisser faire,
Se résignant, soupirant de grand cœur,
Et des deux mains, par excès de pudeur,
Cachant ses yeux. Le second tout contraire
Fut d'écarter, hélas! le téméraire:
Mais vains efforts & nouvel embarras;
Elle le veut, elle ne le peut pas.—
Mon cher Monsieur, voulez-vous que je meure!
Je ne puis plus endurer ce méchant...
Ah! par pitié, délivrez-moi sur l'heure.—
Très-volontiers. Prononcez seulement
Parapilla.—Fî donc, c'est du grimoire,
Vous me trompez.—Non; vous pouvez m'en croire,
Le terme est neuf... propre à la chose.—Mais!
Elle frémit, & ne dira jamais
Ce vilain mot. La charmante hypocrite
Gagnoit ainsi du temps & du plaisir,
Et ce ne fut qu'avec un grand soupir
Qu'elle lâcha la parole susdite.
L'esprit malin a déjà pris la fuite.
Parmi les fleurs prompt à se recueillir,
On le prendroit pour un Saint dans sa niche.
Ah! reprit-elle, avec un air confus,
Et le voilà dans l'instant qui déniche
Pour se nicher tout comme ci-dessus.
Que ne peut point un procédé si tendre!
Le cher ami déjà ressuscité,
Parapilla se fait long-temps attendre.
Le phénomene est vingt fois répété;
Précaution que prend toujours le Sage,
S'il veut à fond savoir la vérité.
Je n'en dirai sur cela davantage,
J'en ai trop dit, peut-être; mais enfin
Vous connoissez ce pauvre genre humain:
Pour peu qu'un fait soit hors de leur portée
Un grave sot, une tête éventée
Vous traitera de menteur, ou de fou,
Si l'on ne dit comment, pourquoi, par où.
Pour terminer, la Dame bien instruite,
Bien exercée, acheta le bijou,
Sans marchander sur la valeur prescrite.
Le bon Rodric eut les cent mille écus.
C'étoit alors une assez forte somme,
Qui suffisoit pour vivre en honnête homme.
Il est heureux; que voulez-vous de plus?
Mais il nous reste un trésor bien plus rare!
Que devint-il? tout vous sera conté.
Jamais trésor ne fut par un avare
Gardé si bien, si souvent visité:
Il est caché au fond d'une cassette,
A double clef, & fermante à secret:
Même Marton, confidente discrete,
Ne le vit plus, quoiqu'à son grand regret.
La Dame, hélas! toujours se séquestroit;
Dirai-je seule, ou bien en tête-à-tête?
Ne se lassant d'éprouver sa conquête,
Examinant cette propriété,
D'aller, venir toujours à volonté;
Rare talent & vertu souveraine,
Que n'eut jamais pour Princesse ou pour Reine
Aucun Amant, tant soumis ait été.
Ainsi passa le cours d'une semaine
Comme un instant: la Dame en tout ceci
Ne regrettoit au monde ame qui vive;
Plus de visite active, ni passive:
Tout le quartier étoit fort en souci.
C'est une énigme; est-elle folle, ou morte?
Chacun raisonne, & chacun dit son mot.
Force valets vont sans cesse à la porte:
Or, convenez que le monde est bien sot.
La belle Veuve eut une sœur Abbesse,
Que tous les jours, avant ce cas pressant,
Elle alloit voir par excès de tendresse.
De la Nonnain peignez-vous la détresse!
Huit mortels jours ont duré comme cent.
Chaque matin un billet de reproche,
De désespoir; son trépas est si proche,
Que notre Belle à la fin se résout,
Vole au parloir: la scene fut touchante:
La Dame foible, & la Nonne exigeante;
De point en point on lui raconta tout.
Peut-on mentir, hélas! à ce qu'on aime!
Oserez-vous cacher votre bonheur,
A qui le doit sentir comme vous-même?
L'Abbesse avoit un grand fond de pudeur;
Elle frémit des péchés de sa sœur,
Et d'autant plus que l'outil diabolique
Fut sûrement formé par art magique,
Oh! non, dit l'autre; il est venu du Ciel,
C'est un présent de l'Ange Gabriël.
Prouvant ce point d'une façon très-claire:
S'il est ainsi, prêtez-le-moi, ma chere,
J'aurai bientôt connu la vérité;
Si dans le fait c'est un fruit de la grace,
Que parmi vous on appelle efficace,
Il ne sauroit blesser la pureté:
Mais pardonnez à ce cœur agité,
Qui doute encore; il s'agit de votre ame.
Au nom du Ciel, au nom de la vertu,
Tant fut enfin requis & débattu,
Qu'il faut permettre un soin qu'elle réclame.
Le lendemain, de crainte d'accident,
Un laquais sûr, & de plus très-prudent,
Doit apporter la céleste cassette;
Un autre à part des clefs sera chargé:
Et le retour est de même arrangé.
Le tout enfin, après l'épreuve faite,
Fidélement sera rendu le soir.
Adieu, ma sœur, adieu, jusqu'au revoir.
La Dame alors revient en diligence,
Le cœur serré, pleurant son imprudence,
Et maudissant ce funeste projet.
Qu'a-t-elle dit, hélas! qu'a-t-elle fait!
Comment pouvoir supporter cette absence!
Et cependant, au fond, ce n'est qu'un jour.
Ah! c'est un siecle! ainsi compte l'Amour.
Vous concevez que la nuit fut fort tendre;
On n'entendit que le bruit des soupirs,
Tous précédés, ou suivis des plaisirs:
Un doux repos vint enfin les suspendre.
Mais quel réveil! quel trouble! quel moment!
L'ame, sans doute, a ses pressentiments!
Ah! c'est sa faute; elle fut fort peu sage,
Trop confiante, & connut mal le prix
D'un tendre Amant que l'on tient au logis,
Point indiscret, & sur-tout point volage;
Dont nul voisin ne disoit, le voilà;
Et qui, charmé de son doux hermitage,
Quand on vouloit, se trouvoit toujours là.
Mais à sa sœur elle a promis ce gage:
L'heure s'envole ainsi que les amours.
Adieu, dit-elle; & de l'œil & du geste,
Le caressant en personne modeste,
Elle l'enferme, il part, & pour toujours.

CHANT III.

Mes chers amis, faites treve à vos larmes:
Si l'imprudente éprouve quelqu'ennui,
Elle eut huit jours de plaisirs, Dieu merci,
Sans nulle pause. En ce séjour d'allarmes
C'est un bon lot: hélas! tout nous apprend
Que le bonheur est chose fugitive;
D'un pied boîteux jusqu'à nous il arrive,
Se montre à peine, & s'échappe à l'instant.
Mais j'apperçois les murs de l'Abbaye,
Vaste édifice, où les Burneleschis,
Les Sartonis, par cent travaux exquis,
Ont de leur art épuisé le génie.
L'azur & l'or y mêlent leurs couleurs.
Là, dans le sein de la magnificence,
L'oisiveté, par des vœux imposteurs,
Se vante encor d'embrasser l'indigence.
La chasteté s'y garde comme ailleurs.
C'est un serrail de Sultanes jalouses,
Et qui par fois, pour charmer leur ennui,
D'un même Dieu se disant les épouses,
Font des enfants qui ne sont pas de lui.
Pour mon Héros, c'est l'isle de Cythere.
Que l'Aumônier va languir aujourd'hui!
Le saint dépôt arrive au Monastere:
L'oreille au guet, & qui n'est pas d'un sourd,
L'Abbesse est-là, marmottant sa priere:
Donnez, donnez, dit-elle à la Tourriere;
Hélas, ma sœur, le fardeau n'est pas lourd.
Et la voilà qui court à sa cellule,
A deux genoux invoquant sainte Ursule.
On mit le tout sur un petit Autel,
Puis on s'arma du livre aux exorcismes;
On parcourut le sacré Rituel,
Lisant tout haut, faisant cent solécismes,
Sans que jamais Belzébut, Astarot,
A son latin répondissent un mot,
Dieu soit loué, dit-elle, je suis sûre
Qu'il n'est point-là de démons malfaisants;
La chose vient du Ciel même en droiture,
Le doigt divin se trouve là-dedans.
En ce moment les clefs lui sont remises,
Elle ouvre, & crie en toute humilité.
Peindrai-je ici les nobles entreprises
Du fier vainqueur & son activité,
Lorsqu'il franchit de plein saut les obstacles,
Gages certains de la virginité.
Point ne faisons de semblables miracles,
Foibles mortels! La Nonne soupira
Et commençoit à prononcer Para...
Mais s'arrêtant sur la foi des Oracles,
Elle s'écrie: O Ciel, soyez béni!
La Nonne est chaste, il faut beaucoup de gases.
Abrégeons donc. La Dame Capponi
Eut des transports; l'Abbesse a des extases.
Il est certain qu'elle vit plusieurs fois
Le Paradis, tout comme je vous vois.
Hélas! parmi ses tendres agonies,
Elle oublia tout net d'aller au Chœur,
Où l'on chantoit les Vêpres, les Complies;
Et c'est de-là que vint tout le malheur:
Madame en tout donnoit le bon exemple,
Et se montroit fort assidue au Temple:
Par quel hasard n'avoir point assisté?...
Toutes les Sœurs, au sortir de l'Office,
Courent en foule, & Professe & Novice,
Pour s'informer de sa chere santé.
En tête sont deux des plus familieres,
Qui de sa porte ont franchi les barrieres.
Quoi! direz-vous, la porte à double tour
N'étoit pas close! hélas! non, je l'avoue;
Et le démon, qui des filles se joue,
A sa mémoire a fait ce mauvais tour;
Ou Gabriël, car on ne sait qu'en croire.
Quoi qu'il en soit, c'est un fait avéré.
Or, écoutez la suite de l'histoire.
Dans le moment que le couple est entré,
Sur ses lauriers se reposoit l'Abbesse;
Et n'allez pas la taxer de paresse:
Aux champs de Mars & dans ceux de Cypris,
La gloire coûte, & coûte trop peut-être;
Et c'est toujours aux dépens de son être
Qu'un grand courage a disputé le prix.
Vous le jugez, sans que je vous le dise,
Qu'alors la chose à l'écart étoit mise;
Même la boîte, où gît le beau Phénix,
Etoit ouverte aux pieds du Crucifix.
Agnès l'a vu, la voilà qui s'écrie...
A ses genoux le vainqueur a volé,
L'affaire est faite, autant de violé.
La forte, hélas! craint de perdre la vie;
Elle est sans art, ne sachant rien de rien.
L'Abbesse dit, que tout est pour son bien,
Mais vainement: & pour la faire taire,
Car à ses cris tout le monde accouroit,
Il fallut bien révéler le mystere,
Et les deux mots par qui tout s'opéroit,
Dont l'autre Sœur, très-habile écoliere,
Fort à propos sut faire son profit;
Car le grand mot par Agnès étant dit,
Le fier Tarquin soudain la répudie.
Sœur Madelon, qui ne craint pas le viol,
Le couche en joue & l'arrête en son vol:
L'oiseau s'abat; elle se l'approprie.
Et cependant interrogeant Agnès,
Toutes les Sœurs autour d'elle assemblées,
De Gabriël ont appris les secrets.
Les cris, les pleurs les avoient fort troublées;
Mais contemplant l'adresse & la valeur
De Madelon, & la grace divine
Dont à leurs yeux sa face s'illumine,
Ce noble exemple a ranimé leur cœur.
Elles n'ont vu jamais dans leur Eglise
Miracle aucun qui soit plus à leur guise:
Au don du Ciel, toutes prétendent part.
Toutes l'auront, l'Abbesse l'autorise.
Il le falloit; & sans plus de retard:
Ou c'étoit fait du vœu d'obéissance.
L'ordre est donné, les Sœurs sont en silence,
A deux genoux; & l'Abbesse commence.
Vous avez vu dans le saint temps Pascal
Un Directeur assis au Tribunal:
A droite, à gauche, un essaim de femelles
Est à l'affût, avançant pas à pas
L'une après l'autre; & si l'une d'entre elles
Est trop long-temps à débrouiller son cas,
Chacune dit: elle ne finit pas;
Quoi! tout te jour il faudra se morfondre!
Tel des Nonnains étoit l'empressement,
Plus grand cent fois, j'ose vous en, répondre.
Parapilla marchoit si lentement,
A chaque fois les ah font tel esclandre,
Sont si nombreux, si prompts, que bien souvent
Le Directeur ne sait auquel entendre.
Plusieurs disoient leur Benedicite,
En attendant, d'autres Veni Sancte.
Un beau spectacle, étoit la sous-Prieure
Se recueillant en fille intérieure,
Et soumettant, la chair à l'Eternel;
L'instant d'après une autre moins docile,
Pleine du Dieu, n'ayant rien de mortel,
Se débattoit, ainsi que la Sibylle;
L'autre s'enfuit avec le trait fatal;
La Mere Alix pensa le trouver mal:
Il est trop vrai que ses forces succombent,
Son œil se ferme, & ses lunettes tombent.
Sœur Madelon, déjà faite au péril,
Tint fort long-temps le galant en fourriere;
On murmuroit: où le miracle est-il?
Bref, le héros accomplit sa carriere,
Mais ce ne fut qu'après un long combat,
Bien disputé, bien digne de mémoire:
Puis on entonne un beau Magnificat.
Tort ou raison, les Sœurs crioient victoire.
Mais ce qui doit charmer tout bon Chrétien,
Trente blessés se portent tous très-bien,
Et vont gaiement souper au Réfectoire.
Mais savez-vous, Lecteur, l'heure qu'il est?
Minuit sonné. Depuis la nuit tombante,
Un grand Laquais est là-bas en arrêt,
Qui crie, & peste, & jure, & se lamente;
L'Abbesse enfin lui porte le coffret;
Le drôle parti & s'en va comme un trait.

CHANT IV.

Rien ne me charme autant que la morale,
Noble aliment fait pour l'esprit humain;
Voilà pourquoi ce Poëme en est plein:
Malheur pourtant à celui qui l'étale
Sans la parer, sans la couvrir de fleurs,
Car il fera bâiller tous les Lecteurs.
L'ame est rebelle aussi-tôt qu'on l'ennuye.
Massillon même a sa coquetterie,
Et Fénelon daigna peindre Eucharis.
Que si je trace aux Belles de Paris
Des voluptés dignes du Paradis,
Tristes Docteurs, Censeurs atrabilaires,
Quel est mon but? Cela ne doit-il pas
Les détacher des choses d'ici-bas?
Chérira-t-on de semblables miseres?
Galant, de Cour si beaux, si bien tournés,
Faites les fiers, on va vous rire au nez.
En ces temps-là vous saurez que la Ville
Fut divisée en différents partis,
Et qu'on craignoit une guerre civile.
Les plus suspects, étoient les Capponis.
Le Barigel couroit toutes les nuits,
Espionnant, faisant par-tout la ronde,
Interrogeant & fouillant tout le monde,
Et pour un rien les menant en prison.
Il rencontra cheminant dans la rue,
L'homme au coffret: l'heure étoit très-indue;
Et la livrée excitant le soupçon:
«Arrête-là... Dis-moi ce que tu portes?—
Je n'en sais rien.—La clef?—Je ne l'ai pas...—
Allons, coquin, au cachot de ce pas.»
L'autre entendant ces paroles trop fortes,
Jette la boîte, objet du démêlé,
Et court, & fuit, & tout honteux arrive
A la maison, disant: on m'a volé.
Mais la cassette? hélas! elle est captive.
Ce cher trésor, par quel arrêt du Ciel
Va-t-il tomber aux mains d'un Barigel?
Belles, pleurez, mais sachez vous soumettre;
Suivons toujours notre histoire à la lettre.
Au point du jour, le Prévôt harassé,
Rentrant chez lui, n'eut rien de plus pressé
Que de forcer la boîte & la serrure.
Les gens fort sots ne s'étonnent de rien:
Comme il n'étoit du tout Physicien,
Il dédaigna son étrange capture;
Et laissant-là le tout à l'aventure,
Entre deux draps il se met promptement,
Et bâille, & ronfle, & dort profondément.
Ce jour-là même il marioit sa fille,
Fort ingénue, au reste assez gentille.
A l'heure dite on va la réveiller.
Tous les parents venoient de s'assembler;
Chacun s'embrasse & l'on court à l'Eglise;
Le Prêtre dit: Ego, vos conjungo.
Puis l'on s'en vient, & l'on dîne à gogo,
Tout en disant mainte & mainte sottise.
On rit, on boit, & chacun prophétise
Le siecle d'or aux deux nouveaux conjoints:
C'est fort bien fait; mais gare les adjoints.
En nous chargeant d'une chaîne si dure,
Avons-nous bien consulté la nature?
Se condamner à se plaire toujours!
Enchaîne-t-on les Graces, les Amours?
Ces petits Dieux n'ont-ils pas tous des aîles!
Hymen se trompe, il en fait des rebelles.
Tyran farouche, impérieux, jaloux,
Comme un Vautour, le soupçon le déchire:
Il est puni; l'Amour tombe aux genoux
De la Beauté, la console, l'admire;
Par son respect, il veut tout mériter:
Elle est esclave, il en fait une Reine,
Une Déesse; on ne peut résister.
Vous le croyez... Mais c'est trop m'écarter
De mon sujet, Gabriël m'y ramene...
L'après-midi, sans trop savoir pourquoi,
La Mariée a quitté la cohue.
Toute inquiete, & rêvant à part soi,
En attendant que la nuit soit venue.
Dire comment la Belle est parvenue
A cette chambre où son pere couchoit,
Je n'en sais rien; mais enfin c'est un fait,
Et l'y voilà. Quoi, dit-elle, un coffret
De bois de rose en belle mozaïque?
Sachons un peu quel est ce beau secret.
Ainsi pensoient Eve, Psyché, Pandore,
Madame Loth, & bien d'autres encore.
Incessamment vous jugez qu'elle ouvrit;
Vous devinez comment l'autre s'y prit,
Comme il accourt, comme il entre en ménage?
Si que la Belle, à son apprentissage,
Croit que c'est-là la fin du Sacrement
Qu'elle ignoroit, & se pâme d'autant.
L'époux survient, qui, la trouvant précoce:
Parbleu, dit-il, ne vous pressez pas tant,
Vous allez voir un beau présent de noce.
Non, mon ami, non, je le tiens... Hélas!
C'est bien en vain qu'il se jette en ses bras,
Ivre d'amour, impatient superbe;
On lui crioit, vous nous importunez:
Notre homme reste avec un pied de nez,
Et c'est de-là que nous vient le proverbe.
Du haut des Cieux Gabriël a souri:
Que voulez-vous? tel est son caractere,
Il ne craint pas de berner un mari.
Le voilà donc fixé dans la carriere;
Bravant l'hymen, étonnant les Amours,
Ce fier athlete, & triomphant toujours.
Mortels heureux, on vante l'Elisée;
Il étoit-là! mais quoi, dans ce bas lieu
Du plus grand bien il ne nous faut qu'un peu,
Et toujours feindre est chose mal-aisée.
La chere Enfant, si l'on veut le savoir,
Fuyoit le monde, & sur-tout les voisines:
Chacun disoit: elle fait trop de mines.
Vous qui riez, je voudrois vous y voir.
Mais tout prend fin parmi l'espece humaine;
Car un beau jour que son pere mourut,
Que les parents, amis, tout accourut:
AH! disoit-elle, eh respirant à peine.
Chaque soupir trompoit, encourageoit
Notre Héros; plus elle s'affligeoit,
Plus son aspect vous séduit, vous enchante.
Baignés de pleurs, ses regards sont divins,
C'est Médicis, des crayons de Rubens.
Bref, sa douleur parut si ravissante,
Que le scandale en fut universel.
Toute éperdue & le cœur plein d'angoisse,
Elle s'échappe & vole à sa paroisse,
Et se prosterne, & dit: Pouvoir du Ciel,
Rendez la paix à ces sombres demeures!
Ce Memento n'étoit pas dans ses heures;
Elles sont-là, près d'elle, à l'abandon.
Une dévote à coëffe rabattue,
A ses côtés faisant le cou de grue,
Prioit aussi, mais sur un autre ton.
L'autre reprit son livre de prieres,
Et tout-à-coup à ses regards brilla
Un beau billet en très-gros caracteres,
En lettres d'or: dites, Parapilla.
Ne doutant point de quelques grands mysteres,
Elle obéit: Mesdames, plaignez-la.
Triste miracle, & peu digne d'envie!
Elle ne fit de mines de sa vie.
Mais l'habitude a de puissants appas.
Bien que l'Epoux obtînt mainte victoire,
Qu'elle eût par fois quelqu'Amant dans ses bras,
Toujours pleurant les beaux jours de sa gloire,
Elle disoit, non, vous ne m'aimez pas.
Or maintenant, quelle fut la retraite
Du fugitif? La dévote en prit soin.
C'étoit Marton: il n'alla pas fort loin.
Du grand Laquais porteur de la cassette.
Elle a tiré l'aveu le plus complet;
De-là, suivant le gibier à la piste,
Grace au soupçon, bon physionomiste,
Elle connut quel lieu le recéloit.
Mais il s'agit d'en être l'exorciste,
Sans se commettre; & le plan bien conçu,
Le mot du guet, placé juste en mesure,
A mis à fin cette belle aventure.
Encor un Chant, tout vous sera connu.

CHANT V.

Quelques Lecteurs pourront trouver étrange
Qu'interrompant de si nobles travaux,
Une Soubrette occupe mon Héros.
Mais ce Poëme est dicté par un Ange:
Aux yeux du Ciel le chêne, le roseau,
Le grain de sable, & le plus beau joyau,
Tout est égal. Les charmes, la tendresse
Sont-ils un don de la seule richesse?
Oh! qu'il est doux par fois de déroger!
Plus d'un Héros est devenu berger,
Et plus d'un Duc en conte à la suivante.
Notre Marton étoit fort avenante;
Gens du bel air lui conviendroient beaucoup.
Mais dans le deuil de la Dame prudente,
Nul n'est reçu: dès qu'elle eut fait son coup,
Droit au logis retourne la Donzelle.
Genoux serrés, tremblant que son captif
Ne fût tenté de prendre congé d'elle,
Et ne lui fît un affront positif.
Tel un filou qui, d'une main adroite,
Vient de voler un bijou précieux,
Cachant son trouble, observe à gauche, à droite,
L'air affairé, redoutant tous les yeux:
Ainsi Marton a regagné sa porte.
Dans son réduit, toute seule au retour,
Sachons comment la Belle se comporte;
Vous y verrez tout ce que peut l'Amour.
Souvenez-vous qu'à la premiere vue
Le noble objet eut son affection;
Depuis ce jour, c'est une passion
Que le dépit & l'absence ont accrue.
Amour alors devient un autre Mars.
Notre Héros courut bien des hasards.
Si du destin la main toute-puissante
Avoit permis qu'il pût être vaincu,
Marton, sans doute, eut été triomphante,
Mais vous savez qu'il ne l'a pas voulu.
Bientôt Marton à sa douce Maîtresse,
Avec usure, a rendu tous ses torts.
Seule à son tour en proie à ses transports,
De six laquais l'importune tendresse
Gémit en vain; la Belle & ses appas
Ne se font voir qu'aux heures du repas;
Et lorsqu'il faut paroître à sa toilette,
Deux tours de main, voilà l'affaire faite.
La Capponi trouva qu'on lui manquoit,
Et le congé lui fut donné tout net.
Sans balancer, Marton & compagnie
L'ont accepté. Tous deux incognito,
Ne se lassant de leur charmant duo,
Vont occuper une chambre garnie,
Ne voyant qu'eux dans ce vaste Univers,
Et fort contents d'avoir brisé leurs fers.
Amour! Amour! quelle est ton imprudence!
Diane même a senti ta puissance:
Combien de soins pour son Endymion!
Combien l'Aurore a gémi pour Tithon!
Et qu'à Vénus tes malheurs & tes charmes,
Bel Adonis, ont fait verser de larmes!
Mais sans chercher des exemples si beaux,
Que de Laïs jadis si bien payées
Par des Prélats, par des Chefs de Bureaux;
Dans un grenier maintenant oubliées,
Ont tout perdu pour des Godelureaux!
Marton, sans doute, a fait une folie;
La pauvre enfant, son fonds est bien petit:
Ce fier régime augmente l'appétit;
Sa bourse fut bientôt à l'agonie.
Elle pleura, s'arracha les cheveux.
Voyez gémir l'imprudente fillette!
Son cœur poussé par de contraires vœux
Est devenu la frêle girouette,
Triste jouet des vents tumultueux.
Que faire enfin? Les extrêmes se touchent;
La faim, la soif tellement l'effarouchent:
Allons, dit-elle, & sans plus différer...
Mais perdre, hélas! de si douces caresses!
Et quel moyen de consoler mes sens,
De remplacer d'éternelles tendresses!
Hé bien, j'aurai, s'il le faut, dix Amants!
Les grands malheurs font les grands sentiments.
Fort à propos dans la maison voisine,
Lucrece alors, avec trente valets,
En grand fracas vint loger ses attraits.
Manon va voir cette beauté divine.
Entr'elles deux le marché se conclut,
Argent comptant, sans biller ni cédule:
Elle en obtint le prix qu'elle voulut;
Et soyez sûr qu'avec un grand scrupule,
Incessamment son vœu fut acquitté.
Mais que l'on doit d'estime à cette Belle,
Qui veut orner de cette rareté
Son cabinet d'Histoire naturelle!
Qu'elle a de goût & de sagacité!
Or, apprenez que c'est une Princesse,
Fille du Pape, & de plus, sa Maîtresse.
Alors siégeoit le fameux Borgia,
Du doux Jesus terrible Grand-Vicaire,
Haï de Rome & chéri dans Cythere;
Comme l'on sait, chantant Alleluia,
Et célébrant, plus souvent que la Messe,
Le cas joyeux dans les bras de Lucrece.
Nul n'a jamais violé celle-ci;
A Tarquin même elle eût dit, grand merci.
Nous avons vu comme quoi dans Florence
Elle acheta, sans plaindre la dépense,
Le don sacré: puis elle s'en revint
Au Vatican trouver le Pere Saint.
Le beau bijou ne quittoit sa ceinture;
Il l'amusa beaucoup dans la voiture,
Toujours charmant, & par monts & par vaux.
Si vous savez tant soit peu de physique;
Fort aisément ce mystere s'explique,
Elle pâmoit presqu'à tous les cahots.
La carossée étoit toute en allarmes.
Hélas! bon Dieu! dit sa Dame d'honneur,
Vous plairoit-il ce flacon d'eau des Carmes?
Depuis quand donc avez-vous tant de peur?
Ah! disoit l'autre, elle va jusqu'au cœur.
Mais quoi? déjà le toît du Capitole,
Et des Chrétiens l'auguste Métropole,
Frappe les yeux: non telle qu'aujourd'hui,
Où d'Agrippa la fameuse rotonde,
Sur les desseins du fier Buonarotti,
S'éleve aux Cieux pour commander au monde;
Mais telle encor que le grand Constantin
L'avoit jadis par ses mains consacrée,
Humble au-dehors, & bien plus révérée
Avant le temps de Luther & Calvin.
Oh! qu'ici-bas les destins sont bisarres!
Tout change en mal sur ce globe maudit:
Rome autrefois redoutoit les Barbares,
Ses Attilas ce sont les gens d'esprit.
Mais des enfers que peut la folle rage?
LA Voyageuse enfin rentre au Palais,
Le cher objet toujours serré de près.
Bon jour, ma fille, as-tu fait bon voyage?
Et fourrageant déjà tous ses attraits,
D'une main libre... Alte-là, dit Lucrece:
Mon très-cher pere, & mon très-cher amant,
Vous que mon cœur doit chérir doublement,
Votre santé, c'est ce qui m'intéresse.
Vous pouvez tout, & mieux que Jupiter
Savez lancer & la foudre & l'éclair.
En fait d'amour il n'en est pas tout comme:
Vous le savez, ailleurs qu'in Cathedrâ,
Je vous ai vu sujet à l'Errata:
Le Dieu du monde est souvent moins qu'un homme,
Pour m'épargner tout fâcheux accident,
Saint Gabriël m'a fait un beau présent.
Malgré l'Eglise, en dépit de la Bible,
Pour cette fois j'ai trouvé l'infaillible.
Voyez plutôt: ce n'est pas tout encor,
Ajouta-t-elle avec un air novice;
Quand je permets qu'il prenne un peu l'essor,
Vous allez voir comme il fait l'exercice.
Incontinent le Lutin mis en jeu,
Part, s'élançant comme d'une soupape,
Et va brider le nez du Pere en Dieu.
Imaginez l'effroi du vieux Satrape
A cet aspect subit, inattendu.
Dans sa fureur il poursuit l'anti-Pape;
Mais à son poste un soupir l'a rendu.
Plus d'une fois on répéta la chose.
Tel qu'un volant qui jamais ne repose,
L'oiseau léger partoit & retournoit.
Le Saint Prélat couroit, & entonnoit:
«Au nom du Ciel, de la Vierge Marie,
Démon, fuyez, je vous excommunie;»
Le pourchassant, alongeant ses deux doigts,
Faisant sur lui de grands signes de croix,
Le tout en vain: & s'il court à Lucrece,
Déjà l'intrus l'a gagné de vîtesse.
La folle éclate, & l'orgueilleux rival
Demeure ferme au lieu Pontifical.
Notre Alexandre étoit non moins colere
Que celui-là qui prit Persépolis.
«Je n'ai donc plus les clefs du Paradis!»
Et tout de suite il écrit à Saint Pierre,
Jurant de mettre & le Ciel & la Terre
En interdit, si justice on ne rend
Brieve & prompte, & sur-tout accusant
Le Gabriël d'être un mauvais plaisant.
Ce fut au Ciel une rumeur du diable:
Saintes & Saints tout s'assemble, tout court.
L'Ange a beau jeu pour ne pas rester court;
Il s'en explique, & d'un art admirable,
Il détailla les vices du vaurien:
Puis persifflant le Pape & sa pantouffle
Qu'il fait baiser, le traite de maroufle.
A tout cela, Pierre dit: «J'en conviens;
Je n'eus jamais cet orgueil peu chrétien:
Pourtant là-bas il occupe ma place;
Pour ce brigand, je vous demande grace.
Le tout s'appaise, & tout s'arrange au mieux.»
Mais Gabriël, par une bonne clause,
Pour son client obtint l'apothéose.
Le beau Phénix, transporté dans les Cieux,
Devint le page & l'amant des Cometes.
Chacun d'ici peut le voir sans lunettes.
O Gabriël! si je t'ai mal chanté,
J'espere, au moins, que dans la Chrétienté,
Ce foible écrit te vaudra quelqu'antienne.
Jeunes Beautés, faites-lui la neuvaine;
Aux cas urgents, dites Parapilla,
Mais, sans y joindre aucune force humaine:
Et vous verrez combien il est bon-là.

FIN.






End of Project Gutenberg's Parapilla, poème en cinq chants, by Charles Borde

*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK PARAPILLA, POÈME EN CINQ CHANTS ***

***** This file should be named 27641-h.htm or 27641-h.zip *****
This and all associated files of various formats will be found in:
        http://www.gutenberg.org/2/7/6/4/27641/



Updated editions will replace the previous one--the old editions
will be renamed.

Creating the works from public domain print editions means that no
one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
(and you!) can copy and distribute it in the United States without
permission and without paying copyright royalties.  Special rules,
set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark.  Project
Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
charge for the eBooks, unless you receive specific permission.  If you
do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
rules is very easy.  You may use this eBook for nearly any purpose
such as creation of derivative works, reports, performances and
research.  They may be modified and printed and given away--you may do
practically ANYTHING with public domain eBooks.  Redistribution is
subject to the trademark license, especially commercial
redistribution.



*** START: FULL LICENSE ***

THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK

To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free
distribution of electronic works, by using or distributing this work
(or any other work associated in any way with the phrase "Project
Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
Gutenberg-tm License (available with this file or online at
http://gutenberg.org/license).


Section 1.  General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm
electronic works

1.A.  By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm
electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
and accept all the terms of this license and intellectual property
(trademark/copyright) agreement.  If you do not agree to abide by all
the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy
all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession.
If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project
Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or
entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8.

1.B.  "Project Gutenberg" is a registered trademark.  It may only be
used on or associated in any way with an electronic work by people who
agree to be bound by the terms of this agreement.  There are a few
things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
even without complying with the full terms of this agreement.  See
paragraph 1.C below.  There are a lot of things you can do with Project
Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
works.  See paragraph 1.E below.

1.C.  The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
Gutenberg-tm electronic works.  Nearly all the individual works in the
collection are in the public domain in the United States.  If an
individual work is in the public domain in the United States and you are
located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
are removed.  Of course, we hope that you will support the Project
Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of
this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with
the work.  You can easily comply with the terms of this agreement by
keeping this work in the same format with its attached full Project
Gutenberg-tm License when you share it without charge with others.

1.D.  The copyright laws of the place where you are located also govern
what you can do with this work.  Copyright laws in most countries are in
a constant state of change.  If you are outside the United States, check
the laws of your country in addition to the terms of this agreement
before downloading, copying, displaying, performing, distributing or
creating derivative works based on this work or any other Project
Gutenberg-tm work.  The Foundation makes no representations concerning
the copyright status of any work in any country outside the United
States.

1.E.  Unless you have removed all references to Project Gutenberg:

1.E.1.  The following sentence, with active links to, or other immediate
access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently
whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the
phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project
Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed,
copied or distributed:

This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
almost no restrictions whatsoever.  You may copy it, give it away or
re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
with this eBook or online at www.gutenberg.org

1.E.2.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived
from the public domain (does not contain a notice indicating that it is
posted with permission of the copyright holder), the work can be copied
and distributed to anyone in the United States without paying any fees
or charges.  If you are redistributing or providing access to a work
with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the
work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1
through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or
1.E.9.

1.E.3.  If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
with the permission of the copyright holder, your use and distribution
must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional
terms imposed by the copyright holder.  Additional terms will be linked
to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the
permission of the copyright holder found at the beginning of this work.

1.E.4.  Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm
License terms from this work, or any files containing a part of this
work or any other work associated with Project Gutenberg-tm.

1.E.5.  Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
electronic work, or any part of this electronic work, without
prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with
active links or immediate access to the full terms of the Project
Gutenberg-tm License.

1.E.6.  You may convert to and distribute this work in any binary,
compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any
word processing or hypertext form.  However, if you provide access to or
distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than
"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version
posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org),
you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a
copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon
request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other
form.  Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm
License as specified in paragraph 1.E.1.

1.E.7.  Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works
unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.

1.E.8.  You may charge a reasonable fee for copies of or providing
access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided
that

- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
     the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method
     you already use to calculate your applicable taxes.  The fee is
     owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
     has agreed to donate royalties under this paragraph to the
     Project Gutenberg Literary Archive Foundation.  Royalty payments
     must be paid within 60 days following each date on which you
     prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
     returns.  Royalty payments should be clearly marked as such and
     sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
     address specified in Section 4, "Information about donations to
     the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."

- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
     you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he
     does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm
     License.  You must require such a user to return or
     destroy all copies of the works possessed in a physical medium
     and discontinue all use of and all access to other copies of
     Project Gutenberg-tm works.

- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
     money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
     electronic work is discovered and reported to you within 90 days
     of receipt of the work.

- You comply with all other terms of this agreement for free
     distribution of Project Gutenberg-tm works.

1.E.9.  If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
electronic work or group of works on different terms than are set
forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark.  Contact the
Foundation as set forth in Section 3 below.

1.F.

1.F.1.  Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
collection.  Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
works, and the medium on which they may be stored, may contain
"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or
corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual
property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a
computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by
your equipment.

1.F.2.  LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right
of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project
Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project
Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all
liability to you for damages, costs and expenses, including legal
fees.  YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT
LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
PROVIDED IN PARAGRAPH F3.  YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
DAMAGE.

1.F.3.  LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
written explanation to the person you received the work from.  If you
received the work on a physical medium, you must return the medium with
your written explanation.  The person or entity that provided you with
the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
refund.  If you received the work electronically, the person or entity
providing it to you may choose to give you a second opportunity to
receive the work electronically in lieu of a refund.  If the second copy
is also defective, you may demand a refund in writing without further
opportunities to fix the problem.

1.F.4.  Except for the limited right of replacement or refund set forth
in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.

1.F.5.  Some states do not allow disclaimers of certain implied
warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
the applicable state law.  The invalidity or unenforceability of any
provision of this agreement shall not void the remaining provisions.

1.F.6.  INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
with this agreement, and any volunteers associated with the production,
promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
that arise directly or indirectly from any of the following which you do
or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.


Section  2.  Information about the Mission of Project Gutenberg-tm

Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers.  It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.

Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come.  In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.


Section 3.  Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation

The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service.  The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541.  Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising.  Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.

The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations.  Its business office is located at
809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
business@pglaf.org.  Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org

For additional contact information:
     Dr. Gregory B. Newby
     Chief Executive and Director
     gbnewby@pglaf.org


Section 4.  Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation

Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment.  Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.

The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States.  Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements.  We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance.  To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org

While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.

International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States.  U.S. laws alone swamp our small staff.

Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses.  Donations are accepted in a number of other
ways including checks, online payments and credit card donations.
To donate, please visit: http://pglaf.org/donate


Section 5.  General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.

Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone.  For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.


Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included.  Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.


Most people start at our Web site which has the main PG search facility:

     http://www.gutenberg.org

This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.